Le Hajj rassemble plus de 3 millions de personnes chaque année dans les villes saintes de Makkah « La Mecque » et Madinah « Médine ». Il s’agit de l’un des cinq piliers de l’Islam. Pour aller sur les traces du Prophète fondateur Mohamed (SAWS), le musulman doit faire au moins une fois ce pèlerinage au cours de sa vie, si ses conditions économiques et physiques le lui permettent.

Si le Hajj est un moment privilégié pour se ressourcer dans les villes saintes, l’impact environnemental du pèlerinage devient alarmant. En effet, la Mecque devient chaque année la ville la plus polluée du monde au moment du Hajj, car malheureusement la protection de l’environnement ne constitue pas une priorité pour la majorité des pèlerins.

Comment nos activités polluent-elles ?

Après le départ des pèlerins, tous les ans, les responsables de la ville de La Mecque constatent que la pollution occasionnée par les activités des pèlerins est énorme. Les restes de nourriture, des bouteilles, récipients et sachets en plastique, les différents contenants en polystyrène… voilà les types de déchets laissés derrière eux.

En se projetant plus loin dans l’inquiétude pour l’environnement, les responsables tirent la sonnette d’alarme sur l’empreinte carbone laissée par chaque pèlerin, mais d’abord, pour se rendre à la ville sainte, mais aussi et surtout lorsqu’il se déplace à travers La Mecque et entre les deux villes saintes.    Il faut comprendre que le voyage en avion à destination du pèlerinage et le déplacement en voiture sont les plus pointés du doigt.

À première vue, les types de pollutions énumérés plus haut sont des classiques pour des vacances à l’étranger, car les touristes mangent, boivent de l’eau et se déplacent comme il est assez normal de le faire. Pourtant, il existe des moyens pour effectuer le Hajj tout en restant respectueux de l’environnement.

Pourquoi le musulman doit-il faire un pèlerinage éco-responsable ?

Contrairement à ce que la majeure partie des croyants pensent, la protection de l’environnement fait partie intégrante de l’Islam. Il ne s’agit pas uniquement d’un concept social indépendant de la vie spirituelle, un bon musulman se doit de préserver la terre et la nature. Comme il est établi dans le Coran, l’Homme se doit de prendre soin de la nature car il en est responsable.

Afin d’aider les pèlerins à observer une conduite positive envers l’environnement, le Docteur Husna Ahmad a créé il y neuf ans une application baptisée « Green guide to Hajj » littéralement : le guide vert pour le Hajj. Selon lui son initiative va inspirer les musulmans à adopter un mode de pèlerinage durable, indépendamment du nombre de Hajj qu’ils auront au cours de leur vie.

Ainsi est-il important de savoir faire la part des choses et s’efforcer de passer un Hajj éco-responsable. Télécharger ce guide et adopter ne serait-ce qu’une partie des instructions prodiguées dans cet ouvrage permet déjà de réduire l’impact environnemental du Hajj. Cela procure plus de bonheur de savoir que l’esprit s’épanouit avec la durabilité de ces villes saintes.

La Makkah vire au vert !

Sans attendre la conscience collective, le maire de la ville sainte de La Mecque, Osama al-Bar, a pris des initiatives  menant directement vers des pèlerinages durables pour les années à venir. Son projet est de construire une mosquée éco-responsable en sensibilisant les acteurs internationaux du bâtiment pour mettre en place une station solaire géante afin d’alimenter la ville en électricité pendant le Hajj.

Afin de favoriser le déplacement à pieds dans la ville et l’utilisation de l’énergie verte pour le transport, un réseau souterrain de 120 km desservant plus de 28 stations est en cours de contruction. La réalisation de ce projet bénéfique en tout point devrait être entièrement achevée dans dix ans. En attendant, les ingénieurs organisent minutieusement l’usage efficient de ce réseau pendant les travaux.

Afin de soutenir les actions menées sur le territoire, le gouvernement saoudien relève le défi d’améliorer l’expérience des pèlerins du point de vue environnemental en investissant 50 milliards de dollars dans l’élargissement des zones à énergie solaire dans tout le royaume. Cette action fait d’une pierre deux coups puisque c’est le mode de vie des citoyens du royaume qui en devient durable.

Des exemples à suivre…

Des fidèles arrivent des quatre coins du monde tous les ans pour faire le Hajj. Cela fait plusieurs dizaines de milliers de kilomètres à parcourir avant d’atteindre les villes saintes. Néanmoins, certains pèlerins ont montré le bon exemple de se déplacer en émettant le moins de carbone possible. Pour bien démontrer que rien n’est impossible !

A 47 ans, un dénommé Senad Hadzic a fait son chemin de chez lui à la La Mecque de la manière la plus écologique possible : la marche. Avec pour seul bagage son sac à dos, il a parcouru près de 5700 km pendant 314 jours pour faire la différence. Pour cela, il a traversé plusieurs pays avant de franchir les frontières saoudiennes.

L’on sait également qu’en 2010, deux jeunes musulmans originaires de l’Afrique du Sud ont préféré faire leur voyage à bicyclette pour réaliser leur pèlerinage durable. Cela leur a pris neuf longs mois et environ 11000 km pour arriver à bon port, mais leur aventure en vaut largement le sacrifice, car la satisfaction spirituelle d’avoir fait un tel geste pour la planète est inégalable.

Concrètement, que dois-je faire pour un pèlerinage éco-responsable ?

Le premier point qu’il faut ajuster pour réussir un pèlerinage éco-responsable est le mode de pensée. Il faut désormais considérer que défendre la vie est un privilège pour tout musulman  qui se respecte et que l’environnement fait partie du champ de responsabilité de chaque pèlerin.

Pour le voyage, anticiper les recherches sur les moyens de locomotion peut être un moyen d’éviter le gaspillage et de permettre de trouver une compagnie aérienne qui adopte une politique de vol moins polluante. Il n’est pas non plus exclu de prévoir un voyage créatif sans voler.

Il existe à la La Mecque et à Médine des hôtels engagés dans la protection de l’environnement. Une contribution au « green Hajj » serait de réserver chez l’un d’entre eux. De plus, consommez local et apportez des contenants réutilisables pour limiter vos déchets d’emballage pendant le pèlerinage.